Les hommes aussi ont la chair de poule (Karine Lambert)

Nationalité de l’auteur: Belge

Editions Le Livre de Poche (19 mai 2021)

numéro 36126

207 pages

ISBN-10: ‎2253079758

ISBN-13:‎ 978-2253079750

Genre: Contemporain

Lu le: 8 Août 2021

Ma note: 15/20

 

Résumé/4^ème de couverture:

Max, Simon, Théo, Paul et Fabrizio viennent de se faire larguer. Un enchaînement de circonstances les réunit dans une ancienne école réhabilitée en chambres d’hôtes. Colocataires malgré eux, ils composent une improbable tribu dont les certitudes ont volé en éclats. Au fil des semaines, entre la crise de la machine à laver, le cours d’écologie sentimentale et les tours de manège, ils apprennent à vivre ensemble. Le moment est venu d’apprivoiser leurs fragilités et de construire l’avenir avec les femmes. Leur monde s’est écroulé. Parviendront-ils à en inventer un autre??

Une seule évidence, ils ne renonceront pas à l’amour.

Avec l’écriture visuelle et la musique des mots qui la caractérisent, Karine Lambert explore le cœur des hommes d’aujourd’hui, leurs paradoxes, leur humanité, et surtout, leur désir d’être heureux.

Mon avis:

        Passant toujours un bon moment de lecture avec les histoires, toutes différentes les unes des autres, de Karine Lambert, je me réserve chaque fois ces petits livres pour le rendez-vous estival. Cette année "Les hommes aussi ont la chair de poule" ne déroge pas à la règle et on passe un très bon moment avec cette de garçons. Ce titre est un joli clin d'oeil au premier roman de l'autrice ("L'immeuble des femmes qui ont renoncé aux hommes") et construire tout un récit autour et exclusivement autour du point de vue des hommes à propos de l'amour est novateur et a aussi une belle connotation d'égalité entre les sexes et de féminisme.

Points de vue/Critiques:

        Ce nouveau roman n'est pas une suite en soi à "L'immeuble des femmes qui ont renoncé aux hommes" et peut donc se lire indépendamment, mais il y fait tout de même référence, comme une sorte d'écho. En effet, si dans le premier livre nous rencontrions exclusivement des femmes qui avaient été déçues en amour et qui avaient renoncées à vivre avec des hommes, cette fois-ci, ce sont les hommes qui répliquent. Alors que tout semble aller pour le mieux dans le couple formé par Max et Louise, cette dernière décide de prendre le large et du recul dans leur relation, laissant Max seul dans l'école qu'ils retapent afin d'en faire un projet de vie. Totalement désemparé, Max va trouver du renfort dans sa situation d'homme largué avec son meilleur ami Paul qui enchaîne les conquêtes mais qui vient aussi de se faire larguer et qui trouve donc refuge dans l'école. Parce qu'ils se rendent compte que leur situation n'est pas exceptionnelle, que l'école est très grande et que leur "home sweet hommes" est un concept sympa dans lequel ils peuvent se soutenir les uns les autres, Max et Paul accueilleront en plus Simon, un technicien qui campait dans son bureau après sa rupture, Théo qui a été plaqué par sa femme, partie avec une femme et enfin Fabrizio, qui est plus ou moins engagé avec une femme qui le mène par le bout du nez. 

            Tous les cinq vont s'aider mutuellement en s'encourageant beaucoup car l'objectif est de ne pas renoncer à l'amour et d'y croire encore. En suivant les quelques conseils distillés par l'un ou l'autre, chacun va faire un pas en avant dans leur comportement ou dans leur vision de l'amour. Ils vont véritablement explorer et identifier leurs fragilités et leurs défauts. Cela passe par le fait d'oser, d'affronter sa timidité ou encore d'ouvrir les yeux. Leur changement est finalement assez minime mais c'est avant tout au niveau de leur vision du couple, de l'amour ou des femmes qu'ils vont avancer dans la vie. Car s'ils font une introspection personnelle, ils vont également s'interroger sur autrui et en particulier sur les femmes. En s'interrogeant sur les désirs des femmes et en essayant de les comprendre, que se soit au travers des sentiments ou au travers des tâches domestiques (dont ils sont obligés de s'acquitter en vivant en communauté entre hommes), ils vont développer leur sensibilité (et pourquoi pas leur part féminine) afin de littéralement leur répondre. 

            Avec ce récit, Karine Lambert donne la parole aux hommes sur ce qu'est l'amour et donne ainsi plusieurs points de vue avec les différents personnages. Il est vraiment intéressant d'avoir ce point de vue masculin, un sujet trop peu exploité et traité lorsqu'il est question d'amour. Cette audace est à souligner, elle est intéressante et assez novatrice. De plus, parce que ces hommes se posent véritablement des questions sur la place des femmes et sur leurs ressentis, on retrouve une bonne part de féminisme dans cette histoire. Et lorsqu'il est question de féminisme, il est avant tout question d'égalité des sexes et en donnant un droit de réponses aux hommes et en explorant leur point de vue, l'autrice manie et équilibre parfaitement le sujet.

En bref:

        En réponse à son premier livre "L'immeuble des femmes qui ont renoncé aux hommes", Karine Lambert propose dans ce nouvel opus une sorte d'écho afin d'équilibrer les points de vue. Dans cette histoire, on retrouve ainsi cinq hommes, déroutés par l'amour et qui ont décidé de vivre ensemble afin de faire le point et se soutenir dans cette période difficile. En s'aidant mutuellement, ils vont bénéficier de cette situation commune et cette solidarité masculine pour établir une sorte d'introspection personnelle en s'interrogeant sur leur comportement et en développant leur sensibilité. Cette démarche va les faire subtilement changer leur permettant de changer leur point de vue et/ou leur attitude face à l'amour. Mais c'est avant tout l'occasion pour eux de s'interroger sur les femmes, sur leur place dans la société ou dans un couple, sur leurs désirs et essayer de les comprendre. Donner un droit de réponse aux hommes et explorer leur point de vue sur la question de l'amour est finalement un sujet assez novateur et très intéressant. Cette jolie audace permet également d'explorer des notions de féminisme, car ce sujet doit également passer par l'égalité des sexes.